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Je suis un chômeur

Je suis un chômeur. Voilà ce que je suis. Personne d’intéressant malheureusement... ne nous attardons pas sur moi je te prie, cela risquerait de te mettre mal à l'aise, crois en mon expérience. Je le sais, tu vas d'abord pas trop savoir quoi me répondre, et puis, parce ce que cela sera plus fort que toi, puisque tu es souvent quelqu'un de bien élevé, tu vas tout de même essayer d'improviser un petit quelque chose à me dire. Probablement quelques mots gentils, ou, tout du moins, quelque chose qui en ait au moins l'apparence. Il n'empêche que cela sera à coup sur maladroit, j'ai l'habitude, ne t'inquiète pas. Je comprend bien que tu cherches juste à ne pas trop laisser s'installer la gêne qui commence déjà à poindre entre nous. Mais ta gentillesse, oui, ton insupportable et nécessaire gentillesse, elle va me blesser, elle, encore une fois, c'est terrible à dire, et pourtant... Et voila que tu regretterais presque de m'avoir posé la question : " et toi, tu fais quoi dans la vie ?". Je déteste ces moments auxquels je ne peux pas échapper... Je déteste me sentir prise au piège de la sorte, je déteste être systématiquement le sujet de cette gêne, je déteste ces présentations obligatoires qui me ramène sans cesse à cet état de faiblesse et d'échec dans lequel je me noie aujourd'hui. Face à toi je suis maintenant sur la défensive, malgré moi, raidi par le coup que tu n'as pourtant aucunement l'intention de me porter. Qui est tu ? Quelle est ta valeur dans cette société ? Voila, moi, ce que je saisi derrière ta banale question. Ce n'est donc pas de tes poings que j'ai peur, non, ce que je redoute véritablement, c'est ton jugement. J'ai compris à la longue que tu ne le fais pas vraiment exprès. Tu n'es pas le premier, loin de là, et tu ne seras certainement pas le dernier. Car, vois-tu, cette question est d'une innocence cruelle, par dessus les amabilités sociales elle va droit au but, elle contraint l'autre à se résumer, en quelques mots, et charge à lui d'assumer de ne pas savoir quoi y répondre. Et quand bien même, téméraire, on pense le savoir et que l'on décide de se lancer dans l'aventure de sa présentation, il ne faut pas alors abuser de la bienveillance de son auditoire : "pas plus de 135 caractères je vous prie, je te demande effectivement qui tu es mais ce n'était pas pour autant une invitation à me raconter ta vie". Évidemment, cela, votre vis-à-vis ne vous le dit jamais franchement, mais on peut le deviner aisément derrière son attitude. Frustrant comme exercice... de sentir que, alors qu'on enchaîne les mots pour se décrire, l'autre semble vous percer à jour et se dire : "il noie le poisson..." alors on apprend à ne plus vraiment répondre à cette question. On se contentera d'être lacunaires et évasif sur notre plus ou moins lointain passé professionnel, fantôme de quelqu'un que l'on a cru être, puis, on sautera avec soulagement sur la moindre occasion qui se présentera pour changer de sujet. Le problème, il vient de moi tu comprends ? Pas de toi mais de moi. Le problème il ne peut finalement venir que de moi... Mais voilà, quoique je puisse y faire, ta question réveillera en moi des douleurs que je m'acharne à faire taire. Elle fait momentanément déborder toutes les craintes que j'accumule sous le large tapis de mon déni. Ta question me fait à nouveau mal pour rien, tout aussi absurde qu'une plaie à peine cicatrisé que l'on ré-ouvre sans cesse, comme ça, pour le plaisir de la curiosité. Elle n'a pour moi pas d'autre dénouement possible que de me renvoyer à mon implacable sentiment d'impuissance, à la certitude d'être le véritable bon à rien que je redoute d'être. Peux-tu te rendre compte de cela ? Ma défaillance c'est la mienne après tout, pas celle des autres. Les autres réussissent eux, je ne vais pas le nier. N'est-il pas un peu facile d'accuser la société de tous les maux ? Oui, elle a toujours bon dos la société quand on a besoin de se trouver des excuses. Si je suis là c'est forcément parce que j'ai fait des mauvais choix, non ? Pourquoi se mentir, ça parait si évident. Et effectivement, contraint à la rétrospective critique, à cette époque, c'est vrai, je le reconnais, je n'aurais pas du choisir cette voie. Aussi évident que le nez au milieu de la figure. J'aurais du être assez intelligent pour le voir que je prenais une mauvaise décision... et puis, finalement, à ce moment là aussi, et celui-ci également... bon sang, que d'erreurs. Je suis stupide de n'avoir rien vu venir. Je mérite vraiment ce qu'il m'arrive. C'est effarant, avec le recul, comme tout peux devenir si clair lorsque le malheur nous frappe. La vision de notre passé se transforme comme par enchantement, avec une lucidité sans pareille, en une succession d'erreurs désormais si aisément identifiables et logiques. Insouciant que j'étais, c'est que j'ai cru que j'allais toujours pouvoir m'en sortir, vois-tu. Qu'avec de la bonne volonté toutes les aspirations d'un homme lui seraient nécessairement à portée de main. La vie sourit aux audacieux, au travailleurs, à ceux qui entreprennent, à des gens de notre acabit. Ce ne sont que les faibles qui se laissent aller. Le chômage est un problème de volonté, c'est bien connu. Mais voila que je commence enfin à comprendre. Alors oui, probablement que tu ne devines rien de mes états intérieurs, mais ce n'est pas tout à fait de ta faute, car on ne peut véritablement entrevoir ce que signifie ce stigmate de chômeur que lorsqu'on l'a revêtu soi-même. Même si, évidemment, je ne prétend pas pour autant que tout le monde le vive de la même manière, il n'en reste pas moins que ceux qui l'on vécu, eux, savent ce dont il s'agit réellement. Ils comprennent ce que cet "incident de parcours", ce "caillou dans la machine" peut représenter dans une vie. Et combien ses effets peuvent être délétères, à la fois sur notre psychologie, sur notre moral, et puis surtout, sur notre amour propre. Le chômage détruit tu comprends ? Le chômage se vit comme une maladie, une tare qui s'endosse sans ton consentement. Il t'oblige à l'affronter lorsqu'il te tombe dessus, puis, à l'assumer complètement une fois qu'il est là, comme si tu en étais l'unique responsable. Car, au départ, tu peux bien le savoir que cela ne dépend pas que de toi, qu'effectivement bien souvent il frappe au hasard, mais le chômage, ce véritable symbole personnifié de l’échec, il finira par t'appartenir en propre, à la fin, car quand il parvient à s'installer il est toujours plus fort que toi. Le chômage est un puissant processus de transformation, une route que l'on emprunte la plupart du temps à contre cœur et qui nous transforme, de l'intérieur, aussi fort que nous puissons pourtant nous sentir. Crois moi, on ne lutte pas à armes égales contre cette machine à broyer que peut être le chômage, particulièrement celui de longue durée. Mon énergie du début m'a permis d'envoyer nombres de candidatures. J'ai démarché encore et encore, gonflé par l'assurance de ma propre valeur. Une assurance aveugle que je n'avais jusque là jamais vraiment remise en question, pourquoi l'aurai-je fait après tout ? Il n'y a pas de raisons que cela ne marche pas. Et puis, une à une les premières réponses me parviennent – quand elles existent d'ailleurs car je ne vous apprend rien en vous disant qu'une bonne partie des entreprises ne se donnent même pas cette peine – et une fois là, elles sont laconiques et impersonnelles, d'une politesse cinglante, mais surtout, elles sont négatives. Première blessure égotique. Je n'étais donc pas à la hauteur, du moins c'est ce qu'ils ont décidés. Le suis-je ? À la hauteur ? Peut être pas tant que ça finalement, puisqu'ils n'ont pas voulu de moi. Remise en question et nouveaux démarchages. Pour autant, l’énergie que l'on investie change de forme cette fois-ci. Elle est encore là, plutôt efficace, mais un peu plus terne, moins sur d'elle même en quelque sorte. Rapidement parviennent de nouveaux refus : " Nous avons bien reçu votre demande de candidature... votre CV ne correspond pas à nos attentes... recevoir l'expression de nos sentiments distingués." Nouvelle claque, la blessure s’approfondit et commence cette fois-ci à occasionner des dégâts. L'estime de soi baisse d'un cran, la motivation avec. On continue de faire, mais ce n'est déjà plus pareil, on y croit moins, on se désabuse. Insidieusement se mette en branle des processus de dépréciation, on change notre regard, la vie n'a plus le même éclat, les murs s'effritent autour de nous. Les échecs continuent de s'abattre sur notre égo tels des lames de fond. Elles s'accumulent et détruisent petit à petit les fondations qu'elles y trouvent. Fissurant en premier lieu les constituants de notre personnalité que l'on croyait trompeusement les plus solides, par à-coups, dans un travail de démantèlement calculé et minutieux, que l'on voit bien venir, certes, mais que l'on ne parvient pas pour autant à éviter complètement. Connaissez vous à ce propos l'allégorie de la grenouille ? Cette simple expérience s'effectue avec une grenouille que l'on immerge jusqu'au cou dans une casserole d'eau que l'on met à chauffer progressivement. Le corps du cobaye, tout du long, s'adapte à la montée de température de l'eau. A tel point que cette véritable habituation à son nouvel environnement le rend aveugle au terrible danger qu'il encourt pourtant dans cette situation : quand la grenouille semble finalement prendre conscience de sa mort certaine, il est déjà trop tard pour réagir, son corps l'a abandonné. Je me sens tout pareil à cette grenouille, sauf qu'en guise de grenouille, il s'agirait cette fois-ci d'hommes et de femmes que l'on placerait dans une situation de chômage ; que l'eau qui augmente de température symboliserait, elle, plutôt les effets psychologiques du chômage qui s'installent graduellement ; et enfin, que les mécanismes d'habituation à ce nouvel environnement nous duperait, au moins un temps, sur les véritables conséquences de notre condition. De sorte que, lorsqu'on finit par s'en rendre compte - que le chômage nous a brisé bien plus profondément qu'on le pensait - il est parfois trop tard, notre moral et notre estime de soi nous ont déjà abandonnées. Comme tout nous parait aller de mal en pis, on cherche alors à s'épargner comme on peut. Et même si cela peut surprendre à priori, voir paraître contre intuitif, l'un des meilleurs mécanismes de défense que l'on puisse trouver est de procrastiner, quand il ne s'agit pas de baisser carrément les bras : car, à moins on s'active dans notre recherche d'emploi, à moins on prend le risque de se confronter à nouveau à cet échec, et mieux on préserve ainsi notre fragile équilibre psychologique. Aussi finit-on par se constituer autour de nous une petite bulle protectrice, un environnement où l'on s'isole, par réflexe, afin de se sentir à l'abri du jugement des autres - jugement d'ailleurs que l'on commence à sentir peser de plus en plus lourdement sur nos épaules. L'accident de parcours n'en est déjà plus vraiment un, le hasard semble maintenant jouer un moindre rôle dans notre échec. Nous achevons logiquement de pointer du doigt notre absence de compétence comme la véritable responsable de notre situation. Sinon, pourquoi personne ne semblerait vouloir à ce point de nous ? La vie continue, il le faut bien, car au delà de nos insuccès, nous continuons tout de même d'exister. Les autres vont à leur travail, nous nous restons chez nous. Notre quotidien se remplit lentement de divertissements à demi assumés, de plaisirs aussi éphémères que culpabilisants, de réflexions politiques et philosophique stériles qui nous avancent guère plus, et puis, surtout, on ressasse encore et encore nos déboires jusqu'à plus soif. Notre bulle, en plus d'être insatisfaisante en bien des points, est parfaitement dérisoire et fragile, et cela on s'en rend bien compte (la morosité n'empêche en rien la lucidité). Mais cette misérable protection finit tout de même, avec le travail du temps, par devenir notre seul bien, notre dernier rempart contre la dépression totale. Donc ce sentiment de protection devient précieux, on va se forcer à l'aimer avec l’énergie du désespoir, mais sans que cela ne nous empêche paradoxalement de le détester tout autant. Une grosse part de notre difficulté viendra à vrai dire spécifiquement de là, de cette ambivalence profonde à propos de notre vie quotidienne. La distinction entre ce qui peut être de l'ordre de l'agréable ou du désagréable devient plus nébuleuse. Ces deux notions finissent par se confondre à tel point que l'on devient tout à fait incapable de dire si l'on apprécie notre vie ou non. Notre existence devient une sorte de masse informe, à la temporalité indistincte, où d'une certaine manière tout nous est possible - principalement en terme de temps - mais où pour autant, et tout à fait contradictoirement, on a plus le goût et la tranquillité d'esprit pour faire effectivement quelque chose. Véritable assemblage de moments de vie sans saveurs où l'on a le clair sentiment que les journées nous échappent ; autant d'ailleurs que semble glisser entre nos doigts notre propre vie : on ne maitrise plus rien, on se laisse tout simplement aller. Cette sensation est terrible à vivre, mais on se figurera tant bien que mal que ce n'est pas si grave après tout, qu'il y a toujours du positif à prendre, à l'instar de cette grenouille qui préfère s'adapter à la chaleur ambiante plutôt que lutter contre elle. Les matins difficiles se suivent, alors même que les dégâts que cette demi-existence nous occasionne persistent à prendre de l'ampleur. Et de tout cela, il est interdit de nous en plaindre, car un chômeur à la belle vie, et bien impudent serait celui qui oserait prétendre le contraire. Rester chez soi au frais de la princesse, mais quelle bonheur tout les travailleurs nous envient là ! Et donc toi, sans le vouloir, tu me renvois tout cela à la figure. Toi qui n'es pas un raté, toi qui as su faire les bons choix, toi qui sers vraiment à quelque chose. Je t'envie tellement, si tu savais. Te rend tu compte de ta chance que tu as ? Non, c'est ça le pire je crois. Toi, tu ne vois que le négatif, toi, tu ne fais que de te plaindre. Dans ton esprit, avoir un boulot est parfaitement normal, c'est le minimum que la vie te doit, à peine appréciable vois-tu, car tu es quelqu'un d'actif et de méritant bien sur, et tu te penses naturellement bien à l'abri de tout cela. Finalement, toi, ce que tu veux c'est un boulot parfait, un travail qui exprime enfin ta pleine valeur, qui te rémunère à ta juste participation. Et de tout cela tu souffres, tu ne peux pas être satisfait, et tu n'as pas peur de le dire, légitime que tu es dans tes difficultés. Alors que moi, pendant ce temps là, je me contente de t'écouter, remplaçant momentanément mes soucis par les tiens, parfaitement passif. Triste n'est ce pas ? Aujourd’hui je ne suis plus grand chose, je n'ai rien d'intéressant à raconter puisque je n'ai pas d'utilité, pas d'histoire, pas de vie. Voila ce dont mon existence a réussi à me convaincre. Et donc, quelque peu misérable, en t'écoutant je me met à t'envier. Mais ça tu ne peux pas le savoir, je te le cache, évidemment, parce que j'ai honte d'en être réduit à ce genre de jalousie puérile. Je t'envie autant que je t'en veux finalement, davantage pour ce que tu incarnes, aveugle que tu es de la chance que tu as, que pour ce que tu es objectivement, surement un brave type part ailleurs. Je m'en veux à moi, je t'en veux à toi, j'en veux à la société tout entière d'être aussi injuste. Personne ne sait vraiment apprécier ce qu'il a - c'est déjà un bien triste constat à faire sur la vie - mais le chômeur lui, en plus des autres, même si il parvient par miracle à apprécier le peu qu'il possède, il lui incombe comme devoir moral de ne surtout pas se permettre d'en profiter. Car ce serait là une chose si déplacé de sa part, inacceptable pour quelqu'un qui est tenu de dépenser toute son énergie à redevenir de toute urgence utile à la société. Trouver des satisfactions dans sa situation de chômeur semble constituer un véritable crime aux yeux d'une partie de l'opinion public. Alors sachez que l'on apprécie de se détendre uniquement lorsqu'on a le sentiment du devoir accompli, ou tout du moins, à venir. Ce n'est que circonscrit dans le cadre d'une activité sociale légitime et reconnue, que le repos et l'oisiveté sont salutaire, pas quand ils sont une fin en soi, disponible à volonté. Car dans ce cas de figure, ils ne possèdent en rien les vertus qu'on leur prêtes. Loin de là, ils prennent tout au contraire la forme d'un cadeau empoisonné, dont je doute que, tous autant vous êtes, et conscient de ce dont il s'agit vraiment, vous ne voudriez. Pourquoi, vous les travailleurs, vous les utiles, êtes vous si aveugles à cette simple vérité ? Devoir me justifier auprès de vous me fait du mal, je me sens rabaissé, mais d'un autre côté, ne rien dire, me ronge également. Un problème sans apparente solution qui ne fait qu'amplifier mon besoin d'isolement. Et, une fois seul, et bien, je continue de souffrir quand même... mais, cette fois-ci, à cause de ma solitude. Sentez vous ce véritable cercle vicieux, cette formidable prison mentale s’installer? Le repos complet de ma conscience ne m'est plus vraiment accessible. Toutes nos options nous semble tellement réduites lorsqu'on est au chômage... constat qui va de concert avec notre porte-feuille. Qu'ai-je donc comme choix? Le chômage est un enfermement, un terrible fardeau, dès lors qu'il n'est pas volontaire, et même encore, on peut bien y rentrer tout à fait volontiers et en ressortir néanmoins estropié. Voilà la vérité que trop peu veulent voir. Vous êtes responsable sans le savoir, coupable de votre naïveté et de vos pré-notions. Travailleurs, ne prenez pas vos fantasmes sur le chômage pour des réalités. N'idyllisez pas l'enfer sous prétexte qu'il y ait l'air d'y faire chaud et que vous assoir auprès des flammes quelques instants vous semble à priori agréable. Quelqu'un risquerait bien de fermer la porte derrière vous, et de vous faire découvrir ce qu'il s'y passe vraiment. Quand donc la société prendra-t-elle enfin le chômage pour ce qu'il est vraiment ? Peut être faudrait-il que tout le monde en passe par là, mais ce serait là être bien malveillant. Je ne souhaite à personne de vivre cela. Que ne donnerais-je pas, là, tout de suite, pour endosser ton soi-disant fardeau. Que ne donnerai-je pas pour avoir le droit d'exister à nouveau, d'avoir la possibilité de raconter ma journée sans culpabiliser et me minimiser, de ne plus avoir peur de me sentir jugé en tant que raté, en tant que profiteur qui ne fait certainement pas tous les efforts pour s'en sortir. Si tu savais comme j'en ai marre d'avoir le sentiment d'être personne. Pour conclure, et pour que nous nous y trompions pas, ce n'est pas d'un travail en soi auquel j'aspire profondément, ce serait là ne voir que superficiellement la véritable problématique que pose le chômage à notre société, ainsi que pour tous les individus qui le subissent. Non, il s'agit avant tout du sentiment de dignité que le travail procure en général. Car le travail salarial n'est qu'un des aspects du travail utile qui produit du lien social et une place parmi ses semblables. Je veux me sentir indispensable à nouveau, je veux recouvrer ce sentiment de légitimité si important pour toute homme et femme qui aspire à vivre en société. En somme, j'ai désespérément besoin de reconquérir mon amour-propre et que cette estampille de chômeur, si destructrice, cesse de me coller à la peau.


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