Pôle emploi
Pôle emploi est un passage obligé pour chaque chômeur et c'est une aventure en soi. Il y a beaucoup de ressenti envers cette administration en général et c'est, je pense, parce qu'elle représente un espoir d'aide qui est peu réalisé. L'idée d'avoir un suivi des chômeurs, suivi qui sert à la fois de contrôle et de soutien est une bonne chose. Bien que je sois contre (voir article sur le chômage et l'économie), l'idée d'imposer un encadrement des personnes bénéficiant d'aide au retour à l'emploi ne me choque pas et il faut bien une administration pour se retrouver dans l'ensemble des calculs de droit. Je pense que cette partie est assez bien remplie. Par contre, les personnes se retrouvant sans emploi aimeraient pouvoir compter sur un soutien, sur des conseils, sur quelqu'un qui nous prendrait un peu par la main quand on serait perdu, car il n'est pas toujours facile de retrouver un poste. Et cette partie de la mission de Pôle Emploi est beaucoup moins bien remplie à mon gout.
Pour prendre mon cas, lors de ma première inscription au chômage, j'ai eu rapidement, au bout d'un mois environ, un premier rendez vous. Au cours de celui ci, j'ai décrit ma situation et on m'a fait comprendre que j'avais fait suffisamment d'études pour être capable de me débrouiller seul dans ma recherche d'emploi et donc qu'on allait me laisser tranquille un moment. On m'a par contre proposé d'intégrer un dispositif réservé au cadre, sous traité à un prestataire privé. Comme je finissait ma thèse à ce moment là, j'ai demandé a l'intégrer que 10 mois plus tard ce qui a été accepté. Pour moi c'était la situation idéale, on me laissait tranquille jusqu'à ce que j'ai besoin d'aide. Au cours de mes deux autres périodes de chômage, le même schéma avec Pôle emploi s'est appliqué, le premier rendez-vous à été rapide et ensuite on m'a fait comprendre que je pouvais m'en sortir et que d'autres dossier que le mien avaient plus besoin d'aide. Donc mon rapport avec Pôle Emploi aura été, pour le moment, purement administratif. Cela me va très bien et je pense qu'effectivement je suis à même de faire les choses par moi même.
Mais en même temps, je trouve que c'est dommage, que cette institution devrait avoir pour rôle d'être moins administrative et plus accompagnante. Et je trouve qu'il existe une grande dichotomie entre les agents de Pôle Emploi et la structure elle même.
- D'un coté vous avez des personnes, quelque soit leur poste (personnel d'accueil, conseillers, conseillers téléphoniques), qui cherchent à faire au mieux, à m'aider dans mes démarches, à résoudre mes problèmes,à prendre du temps pour satisfaire mon besoin, à m'écouter, à être aimable et souriant. Parce que j'avais besoin d'un papier rapidement (pour une urgence dont Pôle Emploi n'était en rien responsable), j'ai, un jour, patienté dans le hall de mon agence pendant une heure pendant qu'un conseiller bousculait son emploi du temps pour résoudre mon problème, ce qui était déjà très consciencieux. J'ai alors étudié ce qui se passait dans l'agence et j'ai vu des personnes d'accueil très patients, qui prenaient la misère sociale de plein fouet, qui essayaient de rassurer, de trouver des solutions, de calmer face à des personnes qui vivaient des moments difficiles car leur allocations avaient été supprimées, parce que leur formation posait problème, parce qu'ils souffraient. Et sans jamais s'énerver, sans cesser d'être le plus agréable possible même quand une personne se met à crier car elle se sent, à tort, insultée par une conseillère. Parce que cette institution représente parfois le dernier espoir des personnes et que les allocations sont vitales il existe une forte tension, et pourtant ces agents continuent de faire ce qu'il peuvent et se sentent concernés. Personnellement, j'ai toujours été reçu au mieux et je pense que c'est la majorité des cas.
- Et de l'autre coté, il y a l'administration, celle qui demande de remplir le bon formulaire au bon moment, celle qui vous radie des listes parce que vous n'avez pas été présent au rendez-vous quelque soit les raisons, celle qui donne 120 personnes par conseiller alors qu'il ne doivent pas dépasser 60 quitte à ce que les rendez vous soient deux fois moins nombreux par personnes. Cet administration qui vous dit, à travers un ordinateur, que comme vous avez fait de la biologie en laboratoire, vous devez postuler à l'emploi de préparateur en pharmacie car c'est dans la même catégorie. La même administration qui vous signale qu'il ne vous reste que 3 d'allocations et qu'ensuite vous devrez aller demander le RSA sans se préoccuper de votre loyer, de vos enfants et de votre ressenti. Cette administration fait son travail d'adminsitration, elle administrie : elle s'occupe de remplir des tableaux, de compter les chômeurs, de faire respecter les règles d'indemnisation, parfois de manière ultra mécanique, elle s'automatise le plus possible pour gagner du temps, elle envoie des lettres de radiation, elle gère l'urgent... mais elle ne s'occupe pas beaucoup de l'humain.
Et pourtant, n'est ce pas le plus important, l'humain ? Et j'ai l'impression que la majorité des agent que j'ai rencontré voulait aider l'humain mais qu'ils étaient débordés d'administratif. Par exemple pour m'inscrire dans une autre administration, j'avais besoin d'une attestation de refus d'indemnisation. Comme cette attestation tardait à arriver, je suis allé voir un conseiller directement, celui ci m'a expliqué que le traitement des indemnisation avait 3 semaines de retard, tellement le nombre de dossier étaient important. Par contre cette même personne est allé cherché mon dossier, l'a traité devant moi afin de me produire mon attestation. Un bel exemple des deux facettes de Pôle Emploi.
Alors qu'il y aurait tellement à faire, à mon avis il faudrait donner les moyens à cette institution de passer plus de temps avec chaque chômeur, d'organiser plus de formation, de créer des groupes de chômeurs, de soutenir des personnes en situation difficile. Il faudrait que l'agent ne soit pas inspecteur de la recherche d'emploi qui vérifie si vous avez bien postulé a 2 postes ce mois ci pour pouvoir cocher une case mais un conseiller qui sait qui vous êtes et qui soutien, matériellement et psychologiquement, dans vos démarches. Le chômeur n'a pas à devenir un assisté, il n'en a aucune envie dans la très grande majorité des cas, quoiqu'en dise certains, mais il est dans une situation ou il a besoin d'aide. Bien sur cela couterait de l'argent, mais tout le monde est concerné par le chômage car tout le monde peut s'y retrouver ou avoir un membre de son entourage qui s'y retrouve et le chômage est aussi le fruit de notre société, société qui n'est pas actuellement capable d'assurer du travail pour tout le monde. Alors, je pense qu'il faudrait que notre société mette plus d'argent dans le suivi des chômeurs et même sans avoir a dépenser plus, je pense qu'une autre répartition de l'argent pour lutter contre le chômage est possible. L'Etat dépense beaucoup d'argent en aide aux entreprises pour favoriser l'embauche, en paiement auprès de prestataires privés pour de la formation ou du suivi et en dépenses directes dans des emplois aidés. Ces trois catégories de dépense ont le même effet, elles aident une frange des chômeurs, et une frange des entreprises qui en profitent. Je pense qu'il faudrait diminuer, pas supprimer, diminuer, ces dépenses pour mettre plus dans Pôle Emploi afin de permettre à la structure de vraiment gérer l'humain. Et là cela concernera l'ensemble des chômeurs qui en profiteront et pas une petite frange. Bien sur ca ne permettra pas de diminuer le chômage de 0.2%, ce qui fait toujours bien dans les médias, mais 10% de la population active en profiteront.