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Déprime

Aujourd'hui, elle est là. Elle est présente en moi, dans chacune de mes pensées, chacun de mes actes de la journée. La déprime est arrivée. Elle est liée à cette période d'inactivité, à ce chômage, à ce manque de projets pour l'avenir. Elle rôde en permanence autour de moi, je sais qu'elle n'est pas loin mais je ne la vis pas en général. Et puis certains matins, sans raison particulière, elle frappe, elle se saisit de moi et je sais que je dois la supporter au moins jusqu'au coucher, peut être pour plusieurs jours d'affilés comme cela arrive parfois.


Aujourd'hui, elle m'a eu. Dès le lever, je l'ai ressentie. Le réveil et la sortie du lit sont alors particulièrement difficiles, je ne me sens pas bien mais j'ai peur que ce soit pire si je sors de ma couette, comme si cet objet de tissu pouvait me protéger de ce qui est au fond de moi. Je sais comment va être cette journée : je vais avoir envie de rien, je vais me trainer, mes recherches d'emplois me démoraliseront encore plus que d'habitude, mes loisirs n'auront aucune saveur, le temps paraitra long, j'aurai envie de surtout ne voir personne. Une mauvaise journée.


Mais, il faut bien l'affronter à un moment, alors je me lance. Le matin, naïf ou conditionné, je me met tout de même derrière mon ordinateur et j'essaie d'avancer. Des contacts qui ne répondent pas, des annonces qui ne me correspondent pas, des lettres de motivation que je n'arrive pas à écrire. Voila tout ce que je vois, dans ma vision déformée par elle, cette déprime qui m'a saisie. Alors, je ne fais rien, tout en essayant de me convaincre de faire quelque chose, "au moins cette candidature spontanée que tu avais prévu de faire". Connerie, je suis convaincu que cela ne servira à rien. Déjà d'habitude je ne suis pas chaud, mais avec cette petite voix qui me répète que ca ne sert à rien, que je ne sert à rien et que je ne servirai plus à rien... Alors, je finis par lui céder et je lâche l'affaire. Je m'en veut, je me sens incapable, fainéant, couard.


Alors viens la période du "faire passer le temps". Le zapping de la télévision est un moyen, c'est abrutissant mais ça fait un peu taire la voix de la déprime. La lecture me permet parfois de m'évader et de passer un moment agréable, mais d'un coup tout revient et j'arrête de lire. Et quand je dis que tout revient, c'est ce mal être, cette estime de moi très basse, cette impression d'être dans un tourbillon qui m'entraine vers le fond. "Je suis au chômage". Voila comment je me définis à ce moment là. Il ne me reste plus rien de mes qualités, de mes expériences, de mon entourage. Je suis au chômage. Donc seul, sans activité et sans rien à offrir. Ca fait mal, comme un vague qui me frappe. J'ai parfois envie de pleurer. Et puis la vague se retire et j'essaie une autre activité pour passer le temps. Je mange souvent, du nutella à la petite cuillère, de très grosses assiettes de pâtes, des paquets de gâteaux entiers. Il y a beaucoup de choses qui pourraient me faire du bien comme faire du sport pour me défouler, allez voir des amis pour re-sourire. Mais la déprime est plus forte et m'empêche de franchir le seuil. C'est que c'est une amante plutôt jalouse qui ne veut pas me partager.


Et à un moment, la journée est finie, l'épreuve est passée, je peux retourner dans mon lit et espérer qu'elle repartira cette nuit, qu'elle ne m'attendra pas demain au pied de mon lit. Aujourd'hui ce fut une mauvaise journée de déprime.



PS : ce texte n'a pas été écrit un jour de déprime. Je ne m'en sentirai pas capable, même si ca pourrait faire partie des armes contre elle.


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